Contrairement à la
légende, il
n'y a pas
d'acte de naissance du cubisme. II n'est pas né d'une
décision ou d'un choix. C'est une révolution et comme telle, bien
plus une suite de bouleversements d'assez longue durée qu'un
événement facile à circonscrire.
Bien que les premiers tableaux reconnus comme cubistes furent créés
vers 1905
grâce aux œuvres de BRAQUE et de PICASSO, l'existence du mouvement
en tant que tel remonte à 1912. C'est la révélation du cubisme lors
de l'exposition
des salles communes des indépendants et du salon d'automne en 1911.
Dès lors, le
cubisme est devenu le sujet le plus important et le plus controversé
des débats artistiques. Des peintres ont osé rompre avec
la vraisemblance et créé
un nouvel univers
pictural.
En effet, au lieu d'être l'élément principal,
la couleur s'est assourdie et l'accent est
placé sur des formes géométriques apparemment simples.
La peinture
n'a
jamais été en fait un miroir
absolu du monde extérieur. Elle est toujours différente
d'une photographie, elle est un ensemble de signes censés
être compris par ses
contemporains facilement et sans apprentissage.
Or les cubistes ont inventés des signes
incontestablement nouveaux qui furent à l'origine
de la difficulté de compréhension de leurs tableaux à l'époque où
ils furent
montrés au public.
Le cubisme devient l'art de peindre des ensembles nouveaux avec des éléments
empruntés non à la réalité de vision mais à la réalité de
conception. Ainsi un
nouveau langage plastique est né avec des signes codifiés.
Pour
représenter un portrait par exemple, un rectangle sera la bouche, un
cylindre les yeux et un simple trait le nez. Il s'agit alors de peindre
des formes réduites à leur
plus simple expression, des formes géométriques.
Les peintres cubistes vont s'intéresser non seulement à l'apparence
de l'objet
mais aussi à tout ce
qu'ils en
connaissent : ses faces, son profil, sa position dans
l'espace et dans la lumière. Ils
étalent alors simultanément toutes les faces de
l'objet sur la toile en
superposant les différentes parties les unes aux autres. Le
tableau devient ainsi lui-même un jeu d'image. Désormais le peintre
s'attache à simplifier la forme.
Il n'y a qu'une silhouette à saisir qu'il restitue
telle quelle et il échappe ainsi
à toutes les conventions de la vision classique.
La
guerre de 1914 éclate au moment où le cubisme est en plein essor et
où d'extraordinaires possibilités sont sur le point de naître. La
mobilisation a démantelé les
groupes d'artistes et à cause de cela, cette invention majeure de
l'art du vingtième siècle
connaît ses dernières heures.
Mais l'ouverture
était faite sur l'art abstrait et tous ses dérivés. On s'est éloigné
par la suite des découvertes fondamentales du cubisme pour
s'orienter vers une
abstraction plus totale mais on peut quand même considérer le
cubisme comme
le précurseur de l'art moderne du vingtième siècle.
De
Varsovie à New York
Un artiste, dans le domaine des arts
plastiques, doit réunir les deux qualités qui seront les piliers de
sa réussite. Il doit savoir maîtriser la
technique et avoir un génie
créatif affirmé.
La première de ces
qualités peut s'acquérir et se perfectionner au fil des
ans
grâce aux efforts d'un travail assidu et régulier. On peut pourtant
constater qu'il est toutefois indispensable d'en posséder le don au
départ. Preuve en est que les étudiants de l'école des Beaux
Arts suivent les mêmes cours sans
pour autant parvenir tous aux mêmes résultats.
En effet, sans
posséder une sensibilité artistique particulièrement
développée, il est toujours possible de devenir un bon exécutant par
des
années de persévérance, mais sans le talent de la création, le
peintre où
le
dessinateur le plus habile n'accédera jamais à la notoriété et à la
reconnaissance de son art parce qu'il lui manquera l'essentiel.
Ce court préambule
nous conduit à vous présenter MARIUS, qui est un
des meilleurs exemples d'un artiste talentueux.
Né à Varsovie en 1956, il manifeste dès le
plus jeune âge une attirance
pour les arts, aussi bien pour le
dessin que pour la sculpture.
De l'apprentissage au succès
II entre à l'école des Beaux-arts de Varsovie à l'âge de dix sept
ans, et ses
professeurs lui accordent une attention toute particulière en raison
de ses
prédispositions. Il y finira brillamment son cycle de quatre ans en
section
peinture. Il sait dès ce moment que son destin sera celui d'un
artiste à part
entière. Il ne conçoit pas de faire autre chose pour assurer son
avenir que
de peindre.
II commence alors à proposer ses tableaux dans quelques galeries. Il
n'est
pas
encore fixé dans un style défini et il répond à la demande des
marchands pour commencer à vivre
de sa peinture. Ses tableaux sont
particulièrement appréciés des
amateurs et son succès est immédiat.
Une rencontre fortuite avec un marchand Parisien en visite à
Varsovie qui
découvre ses tableaux et lui propose de venir travailler pour lui
sera la chance qu'il attendait. La France est pour lui une
révélation, et il ne se
lasse pas de visiter les expositions et les musées. Il travaille
quelques
temps pour ce marchand, puis accepte une opportunité de rentrer dans
un
atelier de restauration de tableaux. Il va s'adonner à la
restauration de tableaux pendant plusieurs années. Il n'est pas dans
son intention à ce
moment d'en faire son métier, son but étant plutôt de découvrir la
manière de travailler des peintres qui l'ont précédé.
Cette démarche intellectuelle l'intéresse, et il va acquérir pendant
cette
période des connaissances qui lui seront utiles pour perfectionner
sa
manière de peindre. Les peintres anciens, jusqu'à la fin du dix
neuvième
siècle, apprenaient leur métier dans les ateliers des maîtres. Ils
ne
réalisaient leurs premières toiles
qu'après un long apprentissage leur ayant
apporté une maîtrise
parfaite du dessin et des différentes techniques de la
peinture. Marius comble ainsi son désir d'apprendre encore plus, et
la
restauration de tableaux devient pour lui un univers fantastique de
découverte.
II abandonne cette spécialité dès qu'il a l'impression de ne plus
rien
apprendre et de tourner en rond. Marius n'aime pas la routine et son
besoin de progresser sans cesse le replace devant son chevalet pour
ses
propres créations.
MARIUS, la passion des arts et la visite des musées
II aime découvrir les autres artistes, comprendre leurs motivations
et suivre
le cheminement de l'évolution de leur œuvre. Il a longuement étudié
la
progression de Part Cubiste pour en retrouver les origines de
manière à en
adapter une interprétation plus personnelle, et nul autre que lui
n'y est
mieux parvenu.
Tout le monde sait
que faire carrière dans l'art est une démarche longue et difficile.
Marius n'échappera pas à la règle et il sera longtemps obligé
de subir le marché de façon à pouvoir vivre de son art. Il fera
pendant
quelques temps de la peinture de portrait sur commande, et son
habileté
à les
réaliser fera qu'il sera vite débordé par les demandes, mais ce
travail l'ennuie vite car il ne correspond pas à son besoin de création.
Une
lignée de tableaux hyperréalistes va suivre et connaître un réel
succès auprès des amateurs dans les différentes galeries qui vont
les exposer.
Trois années de suite, en 1981-82-83 il expose au 126 rue du Fbg
Saint
Honoré à la galerie Robert Crouzet où la plupart de ses toiles
seront vendues.
Il exposera par la suite également avec le même succès dans
différentes
galeries en Norvège. Puis en Belgique, au Luxembourg et à la galerie
Nishigaoka à Sendai au Japon. En 2006, la galerie Interart à New
York,
a présenté une rétrospective de son œuvre.
Entre-temps, il ne cesse de progresser dans le Cubisme qui est pour
lui
un des seuls domaines dans lequel il est possible de créer de
nouvelles formes. Son œuvre s'affirme en se démarquant de plus en
plus de tous
les artistes Cubistes que nous connaissons.
Il a enfin trouvé sa manière de peindre, celle qui va le révéler
auprès des
véritables connaisseurs du monde de l'art et qui fera son succès.
Les peintures illustrées dans ce
livre nous montrent la diversité de son œuvre
d'une qualité sans faille.
Le style des tableaux
Il est toujours décevant de se trouver devant des tableaux de style
cubiste
qui
font irrémédiablement penser à Picasso, comme si la vision du
cubisme ne passait que par cet
artiste.
Si
Picasso est un des fondateurs du mouvement et certainement son
représentant le plus
charismatique, il n'a
pas à lui seul épuisé toutes les
perspectives qu'offrait ce mouvement. Il faut aussi
reconnaître le fort pouvoir créatif d'artistes comme Georges Braque,
peintre cubiste des origines avec Picasso, et par la suite de
Metzinger, Juan Gris, Robert
Delaunay, Albert Gleizes, Fernand Léger, André Lhote, et enfin un
peu plus tard de Francis
Picabia et Roger de la Fresnaye.
Ce sont toujours des pastiches de
ces artistes que l'on retrouve chez les
peintres qui veulent s'adonner à
cette forme d'art. Il faut reconnaître la
difficulté de se démarquer de ces
artistes qui ont à eux tous développés la plupart des
possibilités de construction géométrique offertes par le
Cubisme.
MARIUS échappe à
cette règle car on trouve chez lui le meilleur de la
créativité de chacun des plus grands peintres du genre.
Il attache une grande importance à la
qualité de son dessin comme le faisait Picasso. Chaque tableau est
précédé de plusieurs dessins et
esquisses auxquels il attache
une importance particulière.
Il
reprend l'emploi de pochoirs, comme l'avait fait avant lui Georges
BRAQUE, mais dans un style plus personnel et plus moderne.
La texture de ses tableaux est
pour lui très importante et il prend grand
soin de ses effets de matières.
Si Ton examine attentivement une de ses toiles, on pourra
constater que
chaque parcelle peinte est différente de la
parcelle qui se trouve à coté, et
on ne se trouve jamais
devant de grands aplats uniformes.
Il est en cela unique car
on ne peut trouver ce soin du détail chez aucun
des maîtres du
cubisme dont la plupart se sont montrés assez « rustiques »
dans
leur manière de peindre, l'idée de ce qu'ils voulaient exprimer
passant avant l'expression de la forme.
Le contenu des tableaux
Georges Braque a étudié le lien entre la forme de l'objet de la
peinture et l'espace que cette forme engendre. On remarque dans les
premières
œuvres de Braque une palette de tons gris et bruns, avec des touches
très subtiles d'ocré, noir et vert. Ce choix étroit et
volontairement
limité dans la gamme de couleurs était à la base des techniques
principales de ce que l'on a nommé cubisme analytique et il
souhaitait
ainsi
mettre en avant la réalité de l'objet et son existence dans
l'espace, plutôt que son
apparence.
La différence essentielle entre la première phase de la peinture
cubiste
de 1908 à 1911, appelée cubisme analytique, et celle qui suivra sous
le
vocable de cubisme synthétique, concerne l'approche de la
représentation des objets.
Les objets dans la phase analytique semblent être dissipés dans
l'espace
autour d'eux, tandis que dans la phase synthétique ils sont
visuellement
matérialisés, à l'aide d'un système de plans illuminés, changeants,
et
grâce à l'emploi plus élaboré de la couleur.
MARIUS ne rentre dans aucune de ces deux catégories car il revient à
la source première qui a inspiré le cubisme, à savoir l'Art Nègre.
Il ne pratique jamais la déstructuration totale en petites facettes,
mais
s'attache à la forme picturale pure qui s'obtient par
l'identification de
la forme au contenu. N'étant plus attachée aux objets de la
perception,
sa peinture veut œuvrer hors des signes de ces objets.
Elle crée un univers formel nouveau en faisant jouer l'infinité des
formes possibles, librement conçues. Car ayant eu la chance de
pouvoir
contempler toute l'œuvre Cubiste de ses prédécesseurs, MARIUS a
compris que la déformation des corps existants n'est pas une
solution
suffisante en elle même. D'où l'émancipation des couleurs qui
peuvent
être dissociées des formes. On pourra remarquer une présence
féminine
omniprésente dans la plupart de ses tableaux. Pour peindre un corps
de
femme, il va résumer un corps en cherchant ses lignes essentielles,
en
développant sur la surface de la toile les visages et les corps en
leurs
parties constitutives, tout en y adjoignant une rigoureuse précision
géométrique.
Extraits de
« Marius, the last cubist master » édité par Honfleur Fine Art en
2010